Un vent de renouveau sur la Biennale Paris
19/09/2017

La Biennale Paris, seul son nom suffit à cet évènement qui évoque à lui seul tout ce que le monde a à offrir de plus raffiné et précieux en matière d’arts décoratifs et de joaillerie. Fondée en 1959 par André Malraux pour promouvoir les arts français, elle a depuis été le lieu où les grands collectionneurs et les grandes maisons d’art, de mobilier anciens et de joaillerie se retrouvaient. Malgré l’absence de grandes maisons telle que Cartier ou Van Cleefs et Arpels cette année, la Biennale n’a pas perdu de son prestige, au contraire l’absence de noms – pourrait-on dire trop connus – donne une dimension plus « intime » à l’évènement. Sous la verrière du Grand Palais, les arts anciens cohabitent avec les arts modernes dans une certaine harmonie, toutefois il est rare de voir une gallérie ou un antiquaire qui étend son regard aux deux de manière importante. Ce choix se comprend puisque chaque maison veut être la référence du style qu’elle représente et que chaque maison puise son essence d’une époque distincte. Les joaillers eux semblent, au contraire, prendre un certain plaisir à mélanger les styles et les époques dans leurs vitrines. A leurs yeux un bijou reste un bijou et sa beauté demeure indéniable.

Biennale de Paris

La maison Véronique Bamps nous a ainsi fait découvrir un collier qui aux premiers abords apparaît comme une œuvre crée cette année par une des grandes maisons qui veut suivre la mode des pierres aux couleurs insolites. Cependant, le bijou ne date pas de cette année et non plus du siècle dernier, le collier fut de fait porté dès le XIXème siècle. Ainsi le bijou, à proprement parlé unique, côtoie aisément dans sa vitrine une paire de boucle d’oreilles de la maison Jar, maison fondée en 1978. Cependant la joaillerie classique ne perd pas sa place malgré l’air de renouveau qui souffle sur la Biennale. Il suffit d’admirer ce diadème proposé par Alain Pautot pour comprendre que les bijoux sont intemporels et fait pour se transmettre.

biennale

La Biennale célébrant les antiquaires, il serait difficile de ne pas faire leur éloge, en tout cas de ne pas faire celle de leurs collections. Qu’elles soient pop ou Louis XVI chaque collection met en avant l’excellence dans son domaine. Ainsi la Galerie de la Présidence, qui se spécialise dans les maitres du XXème siècle, expose dans un cadre sobre des œuvres de Raoul Dufy (voir photo), Alexander Calder, Paul Signac et encore d’autres artistes tous aussi prestigieux.

Biennale de Paris

A l’opposé de la sobriété de certains, mettant une préférence sur l’œuvre en tant que tel, d’autres ont décidés de créer de véritables intérieurs pour mettre en contexte leurs collections. La gallérie Gismondi en étant un superbe exemple avec ces boiseries laquées qui créent un véritable écrin pour accueillir et mettre en valeur sa collection du XVIIème et XVIIIème siècle. Toutefois il ne faut pas croire que seules les galeries préconisant l’art plus moderne épousent la sobriété dans tout sauf les œuvres. La Galerie Mendes, négociant de tableaux et dessins anciens, donne toute la place aux œuvres dans une certaine obscurité qui les individualise et leur donne un aspect moderne en vogue chez les collectionneurs. Finalement les maisons les plus connues tel que G. Sarti et la galerie Perrin semblent avoir évolué avec l’envie de plaire à des collectionneurs moins traditionnels. Une telle évolution se fait ressentir dans leur manière d’exposer leurs œuvres. Une approche plus contemporaine avec une certaine simplicité qui épouse mieux les décors contemporains. Ainsi on ressent une mise en avant de l’aspect vivant de leurs collections, qui auraient tout autant leur place dans les musées prestigieux que dans nos appartements. D’autres galeries ont, elles, choisies de suivre la mode des cabinets de curiosités en vogue dans les magasins de luxe et au contraire cherchent à éblouir les visiteurs collectionneurs.

Biennale de Paris     Biennale

Finalement, la Biennale Paris 2017 semble avoir définitivement ouvert un nouveau chapitre de cet évènement mythique. En cherchant à moderniser, tout en gardant l’essence de l’évènement, les organisateurs se sont trouvé face à un défi risqué qu’ils ont réussi avec brio. En dehors des nombreux exposants qui ont suivies cette vague, la Biennale a accueilli une exposition des collections Barbier-Mueller. Cette collection reflète à elle seule le nouveau visage de la Biennale puisqu’elle contient aussi bien des œuvres d’artistes comme Élisabeth Louise Vigée Lebrun que Jeff Koons. Elle reflète d’autant plus la nouvelle Biennale par sa dimension internationale, un aspect que le choix d’exposants reflète aussi. Ainsi environ un tiers des collections présentées sont celles de galerie étrangères. Voici comment sur cette note de renouveau la Biennale s’achève pour revenir l’année prochaine, puisqu’elle est désormais annuelle, ayant adopté définitivement ses nouveaux quartiers de noblesse du XXIème siècle.

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